lundi, juin 02, 2003

Dans la rue.

Il y a ce type en costume bon chic bon genre, montre en or, coupe impeccable, la quarantaine solide.
Il parle avec une jeune femme splendide, visiblement captivée par son assurance et son sourire éclatant de franchise.
Profitant de la conversation, j’ai le plaisir de savoir que ce monsieur défend les grands principes de solidarité, l’aide au développement et qu’il souhaite ardemment vivre dans un monde ou la compassion ne serait pas qu’un mot.
Verve vive, voix posée, charisme certain, un vrai philosophe humaniste. Elle, fascinée, hoche la tête, boit ses paroles comme de l’ambroisie et semble définitivement conquise.
Quelques minutes plus tard, les adieux déchirants, promesses de lendemain qui chantent, on s’appelle, bise, bise, on dîne ensemble demain soir.
Elle qui s’engouffre dans le métro, luttant pour ne pas se retourner, lui qui reste là, impassible, s’allumant une cigarette en la regardant partir.
Un clochard aborde l’homme, poliment, aimablement.
Pas d’argent, juste une cigarette.
Regard méprisant, pas de réponse.
Il quitte la scène du crime indifférent.
Grands principes,
Grandes phrases,
Petit homme.

Pendant ce temps une jeune femme assise dans le métro, les yeux perdus dans le vague, rêve de l’homme idéal.