jeudi, juillet 10, 2003

Le ciel se déverse à long sanglot sur la ville grise. Les ouvriers s’acquittent machinalement de leurs tâches, le regard vide, l’envie absente.
Ici tout est affaire de survivance, quelques billets en échange d’interminables heures d’efforts.
Le béton prend prise, les immeubles et les hommes s’y enfoncent, l’enracinement devient une entrave, une tombe.
Je regarde les tours sombres, cathédrales des nouveaux dieux, argent, profit. Le visage de l’inhumanité productive, célébré à grands renforts de publicité nous annonçant un monde meilleur.
Il n’y a pas de plan d’ensemble ou de conspiration pour asservir l’humanité.
Il y a une alchimie entre les défauts des hommes, l’orgueil et l’ambition utilisant la peur.
L’argent en est le produit. Utile à tout, pour la vie facile, pour l’orgueil, l’ambition et la peur aussi, et la peur surtout.

Transposition.
Ne crois pas en dieu et tu iras en enfer.
Ne gagne pas d’argent et tu vivras en enfer.

Si tu renonces à la croyance en l’argent alors il faudra t’exiler, car ce dieu est partout et tu ne pourras pas faire sans lui, ici bas.
Si tu luttes contre lui, alors tu brûleras en impie.
Tu dois bien faire avec.
Mais si l’argent est comme un dieu et qu’on est obligé d’aller à la messe, on peut peut-être y croire d’une manière différente, humblement, sans peur, sans écouter ceux qui prétendent vous apprendre comment penser, comment croire, comment faire.

Et un jour, qui sait, j’en aurais beaucoup mais ça n’aura aucune espèce d’importance.
Je continuerais à crier « Hasta Siempre Revolution » dans ma Ferrari.

Et merde.