mardi, mai 04, 2004

J’avais oublié. Que voulez-vous, j’ai la mémoire courte.
Cela a commencé dès l’enfance, je me retrouvais souvent à la porte, oubliant sans cesse mes clefs.
J’ai aussi perdu un temps fou sur les bancs de l’école, impossible de savoir où il est passé, trop distrait.
Au fond de la classe, près de la fenêtre, le regard perdu dans le ciel. Oui, c’est moi.
Distrait, voilà un mot juste. Il y a toujours eu bien trop de distraction pour mon regard, trop de fenêtres pour empêcher que mon âme ne s’envole. En vérité je suis attentif à des choses du dehors, à des choses du dedans. Difficile de le faire comprendre aux gens sérieux. Pour beaucoup d’entre eux, l’heure est grave, minute après minute.
J’ai souvent eu droit aux regards désapprobateurs de mes professeurs : « tu n’écoutes pas, tu n’as même pas recopié le cours ! »
Désolé. Je savourais le parfum du monde. Ne vous inquiétez pas, le monde aussi donne des leçons.

Je suis à peine plus vieux aujourd’hui. Plus le temps passe, moins je suis frénétique, boulimique. Plus le monde accélère et plus je freine. Je suis le citadin le plus mal fagoté du monde (toujours lui).
On se ressemble beaucoup vous et moi. Je ne sais foutrement pas ce que je fais là. Je ne me pose pas la question tous les jours non plus, heureusement.
Je dis que je cherche mon chemin. Je ne sais pas où. Je ne sais pas comment.
Parfois je me demande si je n’attends pas qu’il me trouve.
Lui et moi on tâtonne dans le noir à la recherche l’un de l’autre. On finira peut-être par se trouver.

Et puis il y a l’amour.
Finalement, enlevez le « Et puis ».

Il y a l’amour.

Je n’ai jamais rien écrit d’autre.